Si une startup non rentable postule à une cotation en bourse, comment doit-elle faire pour que cela ne soit pas un échec ?

Comment réussir une IPO pour une startup non rentable ?

Hugo Berreby

7/11/20254 min read

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Récit analytique de Lime : Si une startup non rentable postule à une cotation en bourse, comment doit-elle faire pour que cela ne soit pas un échec ?

Ces dernières années ont été marqués très souvent par des premières cotations en baisse à la clôture dès le premier jour. Les risques d’une cotation en bourse sont d’être confronté à des achats d’actions par les premiers acheteurs qui ont les objectifs d’effectuer une plus-value dès la première journée de cotation.

L’afflux de la demande des personnes qui n’ont pu acheter les actions avant la première cotation est ainsi un risque si l’entreprise n’a pas préparé la première journée de cotation.

La question fondamentale que doit se poser Lime Corporation est quels sont les objectifs de l’introduction en bourse.

Si l’objectif est de lever des fonds pour reconstituer le capital, les investisseurs négocieront un prix d’achat à la baisse. Si l’objectif est de renforcer un premier exercice 2025 en bénéfice, l’action sera achetée à la hausse par rapport au prix demandé par les banques d’investissement. Si le prix négocié est trop élevé, un risque de baisse dès la première journée de cotation est très probable avec de forts risques de pression sur le management sur des sujets auxquels ils ne sont pas toujours préparés : suivi des cash flows, suivi des carnets de commande et révision du business plan pour s’assurer que les objectifs sont bien atteignables.

Lime doit faire les efforts en 2025 pour que les « revenus nets » annoncés [1] en forte hausse (686M$) se concrétisent dans un résultat net positif, soit une rentabilité réelle. L’EBITDA ajusté de 140M$ en 2024 laisse entendre qu’un gap de 686 - 140 = 546M$ de coûts inconnus pèse sur la rentabilité et peuvent faire douter les investisseurs.

Comment peut faire Lime pour que l’ensemble de ses filiales internationales parviennent à dégager une rentabilité ? L’entreprise doit augmenter son CA et donc ses revenus nets des coûts de transaction et de connexion en ayant un programme de fidélité abordable. Pour augmenter sa marge opérationnelle et donc son EBITDA ajusté via les coûts, la négociation des accords avec des acteurs dominants sur le marché doit être refaite afin d’obtenir les meilleurs coûts de transaction et de connexion pour le service applicatif et hardware.

Cela donne-t-il des garanties pour la cotation en bourse annoncée pour 2026 [2] ? Certainement. Mais la croissance du CA est aussi un enjeu qui doit être prioritaire. Assurer la force de la présence dans 280 villes et 30 pays est ainsi une priorité en lançant une importante campagne de marketing sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les jeunes à l’importance du casque pour se protéger. Lime devra donner des accès à des casques aux locataires des vélos et trottinettes via une borne de mise à disposition à proximité des véhicules ou bien rendre obligatoire le port d’un casque vérifié dans ce cas par une prise de photo validant par IA la véracité de l’instantané.

Un investissement est donc nécessaire et les levées de fonds cumulée de 523M$ en 2021, 170 en 2020 et 335 en 2018 [3] ne sont pas des garanties suffisantes pour financer, raison pour laquelle un emprunt est un choix judicieux afin de faire baisser le risque de dépôt de bilan en augmentant le niveau d’endettement. Le risque de crédit est aujourd’hui le risque le plus redouté alors que de nombreuses entreprises au produit intéressant déposent le bilan sans recourir à l’emprunt qui apporte aujourd’hui à des banques dans le besoin de clients corporate des intérêts en moyenne de l’ordre de 4,07% d’après le rendement à date du fonds international PIMCO hedgé à rendement à destination des institutionnels[4].

Lime en cas de contraction d’emprunt devra intégrer qu’avoir la stratégie d’augmenter son niveau de dette tout en étant déficitaire sera un risque qui deviendra réalité si le management ne prend pas de décision pour relancer la notoriété de l’entreprise.

Après avoir attiré l’attention des clients dès son lancement à Paris, la détérioration du matériel devra être couverte par des contrats d’assurance responsabilisant le coupable de la casse et non pas le dernier utilisateur. L’image de la marque a sérieusement été atteinte par l’état des vélos et des trottinettes qui devra être protégée comme étant la propriété d’un acteur clairement identifié. La location ne change pas le propriétaire et la propriété est-elle celle de la ville ou de l’entreprise. Une communication dans les applications sera opportune et une lecture des points essentiels des conditions d’utilisation de façon ergonomique est indispensable pour responsabiliser le locataire sur la location ainsi que sa conduite.

L’objectif d’une IPO est donc un enjeu qui revêt de nombreux aspects que la direction doit anticiper en ayant à l’esprit que pour la réussir, recourir à un outil financier naturel, la dette, est incontournable à un taux raisonnable que les ventes en hausse sauront payer. Des choix stratégiques sont essentiels et les questions de sécurité autour de leur métier devront être résolues.

Hugo Berreby, fondateur Sharers

[1] https://www.businesswire.com/news/home/20250218624910/en/Lime-Delivers-Record-Revenue-and-Profitability-Positive-Free-Cash-Flow-in-2024

[2] https://www.boursorama.com/bourse/actualites/la-startup-de-velos-electriques-lime-soutenue-par-uber-engage-des-banques-pour-son-introduction-en-bourse-aux-etats-unis-selon-des-sources-54190eb2bba10592da8caa9b67980d77

[3] https://www.lefigaro.fr/economie/le-geant-de-la-trottinette-lime-leve-523-millions-de-dollars-20211105

[4] https://www.pimco.com/gb/en/investments/gis/income-fund/inst-eur-hedged-accumulation