Comment une startup qui passe par plusieurs levées de fonds devient un investissement rentable du point de vue du fond d’investissement de venture capital ?
Le 23 mars 2025. Récit analytique de la startup Swile, SAS créée par Loïc Soubeyrand en 2016. Problématique : comment une startup qui passe par plusieurs levées de fonds devient un investissement rentable du point de vue du fond d’investissement de venture capital ? La réponse Sharers à cette problématique vous permettra de mieux comprendre les attentes financières de vos potentiels investisseurs et leur réaction potentielle en cas de non rentabilité de votre startup.
Hugo Berreby
3/23/20255 min read


Problématique : comment une startup qui passe par plusieurs levées de fonds devient un investissement rentable du point de vue du fond d’investissement de venture capital ?
Les premières startup ont été des entreprises technologiques créées dans les années 90 suite à l’apparition d’Internet en 1989. Une startup est aujourd’hui une jeune entreprise qui développe son activité jusqu’à atteindre la rentabilité 3 années consécutives dans un délai de 20 ans après sa création. Si la startup développe une nouvelle activité, dans un délai de 17 ans après sa création en plus de celle d’origine, et que l’entreprise est rentable trois années consécutives, trois cas sont possibles. Soit l’entreprise est rentable 3 années consécutives seulement sur l’activité d’origine et l’entreprise n’est plus une startup. Soit l’entreprise est rentable 3 années consécutives seulement sur l’activité développé et l’entreprise n’est plus une startup. Soit l’entreprise est rentable sur les deux activités et elle n’est plus une startup.
Un fond d’investissement regroupe des fonds dans une entité juridique représentée par une structure juridique, c’est-à-dire une entité légale dirigée par les dirigeants de l’entreprise propriétaire de cette même entité légale. Le fond d’investissement de venture capital investit les fonds dans une ou plusieurs jeunes entreprises, startups ou scale-ups avec l’objectif de générer une rentabilité. La rentabilité peut être atteinte de deux manières. La première est les dividendes générés par l’entreprise investie et la deuxième est la plus-value réalisée si le prix de cession des parts de l’entreprise investie est supérieur au montant de l’investissement.
Un investissement non rentable est un investissement qui amène des pertes, c’est-à-dire qui génère un chiffre d’affaires qui lorsqu’on en déduit les charges a un delta qui est négatif.
Créée en 2016 en réalisant des précommandes de déjeuners sous le nom Lunchr, Swile changera en 2020 d’activité principale en proposant un titre de dématérialisation des tickets restaurants. La première levée de fonds de l’entreprise date de janvier 2017, deux mois après son lancement, où le fonds Daphni a investi 2,5M€ en seed pour financer le développement d’un système de pré-commandes de déjeuners. Le seed correspond au premier financement d’une entreprise par un fond pour financer ses premiers investissements. Daphni investit alors dans une entreprise dont le business model est une commission de 10 à 15% du montant de la commande [1]. Il est alors probablement compliqué pour Lunchr de rivaliser avec Deliveroo et UberEats qui existent déjà à ce moment sur le marché depuis 4 à 5 ans. La force de frappe marketing des deux acteurs et des leurs compétiteurs poussent alors probablement Lunchr a changé son activité principale moins d’un an après le seed pour se lancer dans la dématérialisation de tickets restaurants en février 2018. Lunchr réalise une nouvelle levée de fonds à hauteur de 11M€ conclue en mai auprès de son premier investisseur Daphni et d’un nouvel investisseur, le fonds ID Invest [2] aujourd’hui connu sous le nom Idinvest.
La première question qui se pose par rapport à la problématique suite à cette nouvelle levée de fonds est de savoir si Daphni a pu entre janvier 2017 et mai 2018 rentabiliser son investissement que cela soit via des dividendes de fin d’année ou bien via la cession partielle de ses parts à ID Invest. L’abandon de l’activité d’origine de Lunchr et l’existence d’une concurrence féroce à l’époque sur le secteur de la commande de repas en ligne laissent à penser que l’année 2017 a été non rentable pour l’entreprise et n’a donc pas été porteuse de dividendes pour le fonds. Il est également raisonnable de penser le fait que Daphni ait réinvesti dans ce second tour de table, après le seed, comme un indice que l’entreprise n’a pas cédé de parts à ID Invest à ce moment-là, ce qui exclue le scénario de la plus-value de cession. Nous pouvons donc conclure que le premier investissement de Daphni n’a pas été rentable et qu’une deuxième levée de fonds a été nécessaire pour sauver la mise initiale et changer de produit.
En 2019, moins d’un an après, une nouvelle levée de fonds à hauteur cette fois-ci de 30M€ a lieu avec les 2 précédents investisseurs dits historiques avec Kima Ventures et Index Ventures [3] "en seulement quatorze jours"[4]. La rapidité de la levée des fonds révèle l’urgence de l’arrivée des fonds et la problématique financière qu’est probablement en train d’affronter à ce moment-là l’entreprise. Lunchr affronte à ce moment-là très probablement une crise économique qui sera révélée par une nouvelle levée de fonds encore plus importante d’un montant de 70M€ l’année suivante, 2020 au moment où l’entreprise change de nom. Swile accueille ainsi la BPI qui investit dans les fonds propres avec deux investisseurs existants, Index Ventures et Idinvest tandis que Daphni et Kima Ventures sortent en cédant leurs parts [5]. La somme de 70M€ est une somme importante qui dans le cadre de cette opération permet aux deux fonds sortants de récupérer une partie du montant et ainsi de leur apporter une plus-value ou une perte partielle par rapports aux investissements engagés par le premier investisseur et le troisième investisseur historiques.
Daphni et Kima Ventures n’ont pas pu rentabiliser leurs investissements successifs via des dividendes car Lunchr a enregistré des pertes croissantes entre 2018 et 2021 de 3,4 à 41M€ [6]. En revanche, la levée de fonds de leur sortie a pu leur permettre de rendre leur investissement rentable via une plus-value.
Un an après, une nouvelle levée de fonds de 200M$, soit 175M€, a lieu. La question de la rentabilité des investissements se repose ainsi en 2021 du point de vue des investisseurs mais l’entreprise a été rentable pour la première fois en 2024 [7].
Nous comprenons ainsi que l’investissement de 2021 commence à générer des dividendes potentiels seulement en 2024 et que pour générer une plus-value, l’entreprise va devoir dégager des dividendes de façon récurrente à moins de repartir sur une levée de fonds de secours.
En conclusion, Swile nous permet de comprendre que pour être rentable à travers plusieurs levées de fonds successives, les investisseurs qui se succèdent doivent rentabiliser leur investissement selon la logique des dividendes ou selon celle de la plus-value, chose qui a été faite pour le deuxième cas très probablement à travers la 4e levée de fonds.
Hugo BERREBY, fondateur Sharers
[1] https://www.challenges.fr/entreprise/start-up/foodtech-lunchr-la-start-up-qui-supprime-l-attente-au-restaurant_447338
[2] https://entrepreneurs.lesechos.fr/creation-entreprise/aides-financements/lunchr-leve-11-millions-pour-essouffler-la-concurrence-dans-le-titre-restaurant-1995585#Xtor=AD-6000
[3] https://entrepreneurs.lesechos.fr/creation-entreprise/aides-financements/lunchr-leve-30-millions-deuros-et-rebat-les-cartes-de-la-pause-dejeuner-1995653#Xtor=AD-6000
[4] https://www.midilibre.fr/2019/02/04/m*ontpellier-la-start-up-lunchr-annonce-une-levee-de-fonds-record-de-30-m,7994074.php
[5] https://www.decideurs-magazine.com/finance/38836-swile-anciennement-lunchr-boucle-une-serie-c-de-70-millions-d-euros
[6] https://www.lesechos.fr/start-up/ecosysteme/french-tech-swile-a-double-ses-pertes-en-2021-1785911
[7] https://www.maddyness.com/2024/09/12/swile-devient-rentable-et-se-donne-deux-ans-pour-devenir-le-leader-du-marche-francais/
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